Un jeune homme de passage au prieuré de Durmand trouva, en fouillant dans la bibliothèque, un gros livre poussiéreux. En le tirant, un bout de parchemin, sûrement détaché du livre, tomba à terre. En le ramassant il pu y lire :
Fragment des récits de Jarna Herchelle.
Comme la page ne lui semblait pas longue, il se mit à lire :
« Jour un.
Me voilà partie intégrante de cette famille, les Niiljah. Je n’ai pas encore croisé d’autre norn au fort, alors je me sentais seul en ce jour. J’ai voulu découvrir chaque recoin de de cette tour, ce fort, ou je ne sais quoi. L’architecture était simple, mais robuste. Une large et massive porte de bois, une enceinte intérieure, des remparts, deux tourelles de chaque côté. Et au fond de la cour, une tour plus grande. Elle regroupait un bureau, je crois, en bas, puis en montant nous arrivions à un palier extérieur, menant soit vers les remparts, soit vers un dortoir dans l’autre partie de la tour. En montant encore, je suis arrivé à un troisième palier, permettant l’accès au dernier niveau, restreint il m’eut semblé. Je décidai alors de grimper au-dessus encore, je devinai une plateforme en son altitude maximum. J’arrivai enfin au sommet, et là, je fus stupéfait d’être face à cette vue, qui surplombait totalement le marais d’un côté et le camp des centaures et bandits de l’autre. La vue était sublime, je me teins à l’étendard pour me pencher un peu plus. Je découvris en un instant une nouvelle vue, une nouvelle région.
Empli de mélancolie, je me suis assis là, et sorti un bout de parchemin avec de l’ancre que j’avais ramené du détroit lors de mes campagnes. Je voulais écrire aux descendants, il y avait plus de descendant humain que de norn, et aucun d’autres races car il était simplement impossible qu’un homme puisse s’accoupler avec une charr ou une asura, cela semble normal.
Cette parenthèse étant faite, je ne savais pas ce que mes lointains cousins faisaient, sauf trois, ma cousine : Bay Herchelle, suivait un enseignement auprès de l’école de magie il me semble, et mes deux cousins, l’un bandit de petite fortune, sévissait au Promontoire Divin, mais je ne l’avais jamais vu. En revanche, Reth, un rôdeur, s’était engagé pour les services secrets humains, qu’il m’avait dit. Nous nous étions rencontrés dans le nord, durant un combat aux côtés des kodans. Il était seul, nous étions quatre et les kodans une vingtaine. Son adresse à l’arc me semblait extraordinaire, un petit arc d’écailles de Jormag, comme mon espadon, rapide et précis et son loup de compagnie, encore sauvage, semblait être un allié redoutable. Nous avions pris la soirée après le combat pour échanger, et nous avions découvert à ce moment notre filiation. J’avais combattu avec un autre descendant.
La lettre que je lui rédigeai était courte, je savais qu’il n’aurait pas le temps pour lire une longue missive, mais le nécessaire y était ! J’avais en effet décidé de parler de lui à la comtesse et aux membres de la famille Niiljah. Avant de l’inviter cela me semblait en effet nécessaire.
Un fracas en contrebas me fit sortir de ma concentration, les humains se battaient ! Je restai là sans comprendre et observant une petite quaggan faisant des allers-retours désordonnés entre les protagonistes. Je reconnus Ethan avec son armure noir, les deux autres je ne les connaissais pas. Une dame me rejoignit également et m’informa de leur différend sous couverture d’un entrainement. Je décidai alors de me retirer, tout cela me dépassait. Je me rendis alors dans les plaines, pour pourfendre des centaures et aider les séraphins.
…
La nuit était tombée, je me relevai avec peine et entendis une discussion, toujours dans la cour centrale. Dame Niiljah, Sir William, Ethan et sa femme, étaient réunis avec la dame qui m’avait parlé. J’entendis le prénom : Elisabeth. Je me rappelai alors ce que Dame Niiljah m’avait brièvement raconté pendant le procès, une ancienne conquête d’Ethan. Il semblait convenir de démission ou réintégration. J’écoutai patiemment sans faire de vagues.
Le dialogue fut long et après que la charte fut signée par cette femme, le couple (je l’avais deviné), Niiljah, la comtesse et William s’étaient retirés. J’attendais alors sur le rempart, faisant le guet, me renfrognant dans ma torpeur habituelle. Je ne sais pas réellement combien de temps se fut écoulé, mais la comtesse m’appela, elle désirait rentrer. En la rejoignant je croisai William, et nous échangeâmes brièvement, suite à une précédente conversation: nous irons combattre des dragons. Je rejoignis ma dame, je devais l’escorter à Garenhoof. Elisabeth nous suivait de loin. Une fois sur place, après avoir échangé sur les événements, nous nous sommes assis, et avons parlé.
Ce que j’appris à ce moment là, je ne l’écrirai pas, et l’enterrerai avec moi si je venais à mourir. Après cette soirée, je me sentais encore plus impliqué, et ne voulait pour rien au monde revenir en arrière, mon âme de norn était engagée pour la cause des Niiljah. Ce premier jour, fut bien rempli, j’avais la sensation de repartir en campagne, et de tout risquer pour la victoire, même si celle-ci me semblait encore abstraite. »
Le lecteur, perturbé par la fin intrigante qu'il venait de lire, se résigna à ne pas continuer sa fouille de la bibliothèque. Il enfourna discrètement le livre dans sa grosse besace et décida de se rendre à la bibliothèque du Promontoire Divin pour essayer d’en apprendre davantage.